Foodtech et retour aux sources

Foodtech et retour aux sources /Du digital conscient dans nos assiettes ? mai 2018

Notre assiette est pleine de paradoxes. Entre le tout technologique et le retour à l’authentique, nos habitudes alimentaires se bousculent. Et, avec, nos modes de vie. Alors que l’on parle de digitalisation et de Foodtech, on mise sur un retour au terroir, au local, au responsable. De prime abord, digital et terroir n’auraient que peu de points commun. La technologie nous déconnecterait de ce que l’on mange, de ce que l’on produit et transforme. Pour autant, ne serait-elle pas, au contraire, un moyen de concilier mode de vie urbain et consommation responsable ? 

E-food

Les consommateurs urbains sont tiraillés. Ils n’ont pas le temps de cuisiner mais veulent quand même contrôler le contenu de leur assiette. En somme, ils veulent manger vite mais bien. Le boom des services de livraison à domicile est symptomatique de ces nouvelles manières de consommer. Le succès de Frichti – avec une levée de fond récente de 30 millions d’euros – est un signal qui ne trompe pas. Le fait maison livré à domicile fait mouche. Ainsi le consommateur, muni de son smartphone, a accès au « fait » sans se soucier du « faire ». Le déjà-prêt, gain de temps précieux, est à portée de clic. Mais, se faisant, il casse aussi le lien entre consommateur et produits de base. On ne connaît ni leur provenance, ni ceux qui les cultivent. Ainsi, l’ère du digital en nous simplifiant la tâche serait-elle aussi en train de nous déconnecter de ce que nous mangeons ?

Frichti : la start-up food qui réinvente la livraison à domicile

Digital conscient

Ces accès (ou excès selon les avis) technologiques changent notre rapport aux produits alimentaires. Pour autant, le consommateur est loin de préférer la facilité à la qualité. Le succès des plateformes digitales est intimement lié à la qualité des produits et à leur provenance. Paradoxalement, si le digital peut éloigner le consommateur de la vie réelle (et de la cuisine), il lui permet aussi de se rapprocher des producteurs en réduisant les intermédiaires.

Côté applications, les projets responsables fleurissent. Quand l’application anti-gaspillage Too Good To Go sauve les invendus, Epicery (qui compte Monoprix dans son capital) fait se rencontrer commerçants et urbains. L’application d’Elsa Hermal regroupe primeurs, cavistes, bouchers et poissonniers en permettant l’achat en ligne et la livraison. Dans la même veine, Twil nous met directement en relation avec les vignerons pour acheter son vin sans intermédiaire et de manière consciente. Vivre en ville et consommer des produits terroir n’a jamais été aussi conciliable grâce aux acteurs et actrices de la Foodtech…

Côté technologie, des inventions bienvenues permettent aux urbains de reprendre la main sur la production. FarmBox de Urban Farm, start-up française est une boîte à culture. Plus concrètement, cette ferme urbaine sur-mesure permet de faire pousser des végétaux dans des conteneurs maritimes mobiles. D’autres startups comme la Ferme Urbaine Lyonnaise ou Véritable se sont lancées dans l’aventure du potager intelligent. Avoir son petit jardin, même dans un studio, n’est plus une utopie. Un retour au green qui inspire d’ailleurs les grands groupes. Carrefour et Delhaize ont, depuis peu, créé leur propre ferme sur le toit…

Foodtech, de la facilitation à la responsabilisation

Ce contraste entre consommation immédiate et retour à l’authentique souligne les différents usages qu’ont les consommateurs du digital et de la technologie. D’un côté elle facilite, fait gagner du temps et réduit les intermédiaires, de l’autre elle reconnecte, sensibilise et informe. Si l’uberisation de nos habitudes de consommation gagne du terrain, elle est contrebalancée par un désir d’authenticité et de transparence. De quoi nourrir les acteurs de la Foodtech, très actifs en France, pour anticiper les enjeux de demain.

 

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