Fablab Ici Montreuil /L'éco-système créatif janvier 2015

Ouvert en 2012, Ici Montreuil est un Fablab dédié à la créativité qui regroupe aussi bien des artisans que des artistes et entrepreneurs. Y entrer c’est découvrir un véritable eco-système où chaque savoir-faire s’imbrique et se répond. L’espace, très agréable et chaleureux, a été imaginé pour combiner les compétences. Ateliers collectifs, espaces de co-working, services mutualisés, tout est pensé pour favoriser les rencontres et le collaboratif. Nous nous y sommes rendus pour rencontrer Nicolas Bard, co-fondateur.

Commençons par le commencement : pourquoi avoir crée Ici Montreuil ?

Je travaillais dans la pub, ma femme dans la finance. Nous voulions créer notre propre job qui nous rendrait professionnellement heureux pour les vingt prochaines années. Comme nous habitons Montreuil, ville avec le plus de créatifs, savoir-faire et technologies en proportion à la population, nous avons monté le label Made In Montreuil valorisant les talents locaux. Nous avons fait un livre, un guide, une page Facebook, des événements… De tout ces projets, nous avons remarqué qu’il manquait trois choses aux acteurs rencontrés : l’accès à des machines, l’accès à une communauté de compétences et de savoir-faire et le besoin en conseil business souvent réservé aux startups digitales. Nous nous sommes dit qu’il fallait faire un lieu avec tout ça, regroupant pleins de savoir-faire différents.

Comment expliquer que Montreuil soit le berceau de tant de créativité ?

Ça fait plus de 200 ans que c’est comme ça. A l’époque de Louis XIV Montreuil était la référence dans l’agriculture. Puis la ville s’est tournée vers l’industrie. Fin du 19^ème siècle, il y avait la plus grande usine de bois du monde par exemple. Il y a aussi eu Emile Reynaud qui a inventé l’ancêtre du dessin animé : le praxinoscope. Les frères Pathé ont ouvert le premier studio de cinéma au monde à Montreuil et Georges Méliès y a tourné ses 500 films. A l’époque, la ville brassait toute une population de créatifs, d’artistes, de décorateurs et autres métiers liés au cinéma. Après la guerre les artistes et artisans qui étaient là ont investit des espaces plus grands, de vastes ateliers pour y rester. Aujourd’hui il y a Ubi Soft, le géant des jeux vidéos et toujours une multitude d’artisans et de designers.

Revenons au FabLab, qui a pensé le design d’intérieur ?

Nous, avec deux architectes. Un charpentier a fait tout le cloisonnage. Nous avons voulu faire un village créatif avec pleins de petites maisons. Les espaces ont été pensés pour être propices à la création. Tout est mutualisé, ça fonctionne un peu comme une école sauf que dans les ateliers collectifs, il y a des professionnels.

Vous auriez quelques exemples de réalisations récentes ?

Notre dernière réalisation a été le trophée du BC One Challenge, une compétition de hip-hop mondiale organisée par Red Bull. Ce trophée n’aurait pas pu être fait ailleurs car plusieurs technologies ont été utilisées pour le réaliser : impression 3D, découpes chimiques, fraiseuse numérique, découpe laser et sellerie d’art… Il n’y a pas d’autres endroits réunissant Art(isanat) + Design + Technologie. Un autre projet récent : le chalet Playstation de Sony sur les Champs-Elysées. Dedans, une borne robot avec un joystick pilote une Playstation. On peut le commander et y jouer de son téléphone. Ce projet, c’est un client d’Uzful, agence marketing digital qui a ses locaux ici, qui l’a imaginé. Ils ont travaillé avec un collectif d’artistes numériques, Novelab, pour la programmation et l’électronique. Puis c’est Pierric notre FabLab manager qui a construit l’ensemble dans nos ateliers aidé de Frédérique Vinel, maroquinière indépendante ayant travaillé dans les ateliers d’Hermès.

Quels sont les profils de vos résidents ?

Ici, il y a 1/3 de savoir-faire artisanaux, 1/3 de savoir-faire artistiques, 1/3 de savoir-faire technologiques. Il y a des représentants des métiers de la création au sens large : web designers, archi, graphistes, DA, RP, consultants en communication, ingénieurs, photographes, menuisiers, designers, stylistes, architectes… Nous sommes dédiés aux métiers de la production collaborative et des industries créatives. Les professionnels présents ont donc tous un rapport avec ce secteur d’activité.

Avant de visiter le FabLab, une dernière question : le collaboratif peut-il, selon vous, représenter l’avenir de l’organisation au travail ?

Je ne pense pas qu’il soit l’avenir mais plutôt un troisième pôle, une voie alternative. Avant, on travaillait soit en entreprise, soit en télétravail. Maintenant il y a une troisième solution et c’est la plus simple pour permettre aux entrepreneurs de lancer leur activité économique parce que ça offre un service à l’entrepreneur qui n’a plus à gérer les bureaux, internet, le bail…. Je pense que ça va se développer encore plus et qu’on aura des espaces plus vastes de 10 000, 15 000 m2 regroupant des centaines de boîtes. Ici les résidents sont pour 90% des indépendants seuls mais on peut imaginer des Fablabs pour des boîtes de 15 à 20 personnes. Ca existe déjà aux Etats-Unis d’ailleurs.

La suite en images…

Le Fablab s’étend sur plus de 1700m2 de surface sur deux étages avec des espaces de réunion, une salle de travail, des ateliers équipés pour chaque type d’activités…

A chaque atelier son corps de métier. Ici, la ferronerie, avec toutes les machines et outils mis à disposition

Le bois est le matériau phare des espaces : cloisons, mobiliers… Beaucoup de pièces sont fabriquées sur place par des résidents.

Le FabLab c’est aussi un lieu de rencontre et de communication !