Slow

Slow /Eloge de la lenteur octobre 2015

Le consommateur sur-sollicité fatigue du trop plein d’infos, de choix, de décisions à prendre. Dans le monde du fast life, où révolution technologique rime avec échanges constants et immédiats, le temps est devenu un luxe. Reprendre conscience du présent sans toujours courir vers l’après, donner de la place à ce qui compte vraiment sans chercher la sur-efficacité… le mouvement slow redonne ses lettres de noblesse à la patience et la simplicité. Lancé dans les années 80 pour défendre le bien manger, il s’étend maintenant à bien des domaines. De slow food à slow life, la vie au ralenti mérite qu’on s’y arrête pour y puiser quelques idées.

Slow time

Tout vient d’une protestation, lorsque quelques jeunes italiens décident en 1986 de se poster contre la mode des fast-foods pour réapprendre le bon, le durable, l’authentique. Presque 30 ans plus tard, ces amoureux de la terre et de bons produits sont mis à l’honneur lors de l’Exposition Universelle de Milan dont le thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie » rassemble des nations du monde entier. Le slow food, ô combien d’actualité, nous amène à repenser les circuits de production, les relations producteurs-consommateurs, respecter la terre et lutter contre l’uniformisation des goûts. Se faisant, c’est aussi une manière de vivre ancrée dans le présent qui respecte les délais de production sans les précipiter qui s’impose. Comme s’il fallait ralentir un quotidien dans lequel nous avons pris l’habitude d’avoir tout, tout de suite biaisant ainsi les notions de valeurs réelles. Dans une société où tout file rapidement, le slow nous réapprend à vivre à vitesse normale.

Slow life et slow food à l'Exposition Universelle de Milan.

Pavillon Slow Food à l’Exposition Universelle de Milan.

Slow dérivés

Urbanisme, médias, design, management… il n’est plus un domaine qui n’ai sa déclinaison « slow ». Dernier en date : le slow dating avec l’arrivée sur le marché français de « Once« , une application qui, à l’opposé de Tinder, ne propose qu’un profil par jour. Pour son fondateur, prendre son temps c’est s’assurer une certaine qualité en permettant aux utilisateurs de s’arrêter sur les détails au lieu de sur-consommer les possibilités. Cette idée de prendre le temps pour la particularité, de préférer le durable au consommable, de penser le processus et d’accepter l’usure se retrouve dans tout ce que le slow englobe : du design avec le slowLab qui repense le travail du designer en terme d’engagement personnel, d’actions participatives et de bien-être, aux nouvelles technologies avec Snail My Email qui transforme nos emails en cartes postales ou encore de la mode qui associe qualité, durabilité et respect de la production, des matières premières aux acteurs, à l’image des créateurs que l’on retrouve sur le site The New Wardrobe dédié au slow fashion.

Slow brand

Lenteur, durabilité, processus, responsabilité…le slow, applicable partout et par tous, convainc de plus en plus de consommateurs concernés par la provenance des produits qu’ils achètent. Il n’est alors pas question pour les marques de se laisser dépasser sur ce terrain en mutation. Mais si le slow peut-être une stratégie pour attirer une nouvelle cible, il doit s’accompagner d’une véritable réflexion de fond et ne pas cacher un engagement opportuniste qui ne saurait tromper le consommateur sur le long terme.

Sans s’obliger à devenir slow du jour au lendemain, les marques peuvent engager une réflexion pertinente inspirée de ce mouvement. Produire local ? Chercher la qualité plus que la quantité ? Mais pourquoi pas aussi donner l’opportunité au consommateur de vivre slow en lui facilitant la vie et en lui dégageant du temps ? Le développement du click and collect, le succès de lieux hybrides tels que les cafés-laveries (le Wasbar d’Electrolux) ou les cafés-vélos, l’évolution des applis de service comme Snips, qui cherche à croiser toutes les données touchant à l’utilisateur pour fluidifier les informations, rendre invisible la technologie et réancrer l’individu dans le monde réel…. Les exemples du vivre simple et plus facile sont nombreux et sont liés à la philosophie slow.

slow life

Wasbar, le café-laverie photo ©Nick Proot

Les dérivés du slow peuvent être nombreux mais ils ont tous en commun d’améliorer la qualité du produit ou du service, de libérer l’individu d’un quotidien surabondant en informations et consommation et de rendre, au final, les relations entre acteurs plus réelles et humaines. En fin de compte, c’est bien cette réintroduction de l’humain et, par conséquent, de l’émotion qui doit devenir une vraie source d’inspiration pour regarder, encore davantage, le monde du côté slow. 

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