Precious /Le nouveau luxe de Maison & Objet septembre 2015
Qu’est ce que le précieux ? Comment le définir et avec quels mots ? Est-ce ce qui est rare ? Ce qui est cher ? Ce qui n’existe pas ? Le dernier salon Maison & Objet qui s’est terminé cette semaine a mis en lumière différentes interprétations de ce mot qui en contient bien d’autres. De la matière fragile à l’ostentation, les artistes et bureaux de style nous ont livré leur vision de ce qu’est le « précieux », tendance qui semble faire son grand retour en déco et art de vivre. Nous avons recoupé tout ce que nous avons pu voir pendant ces quelques jours de salon. Notre décryptage « Precious », en trois voies d’exploration.
Une librairie éphémère qui expose ce que chacun estime comme précieux à travers les générations, du temps à la technologie, du minéral aux plaisirs de bouche.
I. Métal précieux
Le précieux est fait d’or. Taillé à même la roche, il est laissé brut ou transformé pour devenir objet sophistiqué de luxe ultime. En décoration d’intérieur, il devient signe d’ostentation raffinée. Aux matières brillantes dorées s’ajoutent d’autres plus fragiles ou primaires pour casser l’opulence du matériau et ne pas faire faux-bond à ce nouveau faste qu’est la richesse subtile.
II. Précieux façonnage
Le précieux, c’est aussi le temps, l’inattendu, le léger et l’éphémère. Il ne brille plus et devient fragile. Dans le naturel ou le façonnage artisanal, ce qui est précieux est ce qui peut disparaitre, ce que l’on ne vit qu’un instant, comme une poésie momentanée. Notre sélection parle d’hybridité de l’objet-végétal, de nature sublimée et de dialogue entre l’homme, la matière et l’organique.
Sensorial Brushes de Najla El Zein
A Wander de Lionel Esteve : la nature, comme bien le plus précieux
YOURS and OURS de Formafantasma représente « la puissance du souffle de chaque designer ». Chacune des formes est est emplie de l’air de son créateur, rapport poétique intimiste de la matière à l’homme.
Le verre est à l’honneur chez Fatboy avec la lampe Candyofnie que l’on peut assembler selon ses envies.
Second skin de Tamara Barrage : des vases nus en résine se couvrent de matières pour devenir unique et avoir une personnalité propre.
Dans la continuité du subtil précieux, le Japon dévoile à M&O un savoir-faire qui redonne au temps présent et à la patience ses lettres de noblesse. Showzi Tsukamoto livre ainsi une démonstration de Kintsugi, un art consistant à réparer des céramiques cassées par une laque saupoudrée d’or. Une esthétique qui donne un caractère unique à un objet se réincarnant sous la main d’un maître.
Showzi Tsukamoto
Ce savoir-faire japonais minutieux fait échos à « Arita 400project », présenté sur le salon. La tradition de cette région du Japon quant à la porcelaine remonte à près de 400 ans et continue de s’écrire aujourd’hui avec le concours de huit maisons. Chacune d’elle présente sa vision de la porcelaine d’Arita, entre modernité et savoir-faire ancestral.
©Arita – Salon Maison&Objet
Pour finir, arrêtons nous sur cette expérience sensorielle unique et poétique avec Floating Flower Garden, jardin suspendu que l’on parcourt le temps d’un rêve éveillé.
III. Precious humaniste
Le précieux n’est pas que tangible. Il émane aussi d’initiatives humaines pour construire un vivre ensemble. Un lien social inter-culturel ô combien important en ces temps de replis social. Le projet de The Skateroom est un pont entre deux disciplines : l’art et le social. C’est par l’intervention d’artistes contemporains revisitant la culture skate qu’il propose des planches de skate faites oeuvres. La vente de ces éditions limitées permet ensuite de récolter des fonds pour aider Skateistan, une ONG qui promeut le skateboard et autres activités auprès d’enfants du monde entier. The Skateroom traverse les disciplines et fait entrer en interactions différentes formes d’art. Son but social est une finalité de partage et d’ouverture au monde. Un exemple dématérialisé de ce que « précieux » peut aussi signifier.
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