L’ère de l’émoticone a sonné !

L’ère de l’émoticone a sonné ! /☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺☺ août 2014

En 1982, Scott Fahlman alors chercheur informatique à l’Université Carnegie-Mellon, propose à ses collègues de ponctuer leurs échanges d’un « 🙂 » pour indiquer le caractère humoristique de certains messages. Le smiley version digitale était né. Trente ans plus tard, lui et ses nombreuses variations graphiques appelées « émoticônes » sont devenus les stars de l’Internet et, plus généralement, de l’ensemble de nos échanges virtuels. Mais pourquoi sont-ils tant utilisés ? S’agit-il d’un anéantissement du verbal ? Que nous veulent réellement ces petits personnages ? 

Emoticône, un ami qui vous veut du bien

Si Curius dit à Inoui : « j’ai oublié de t’envoyer une carte postale complètement inouïe cet été 😉 » c’est qu’il est enjoué, près à faire des blagues. Mais s’il dit : « j’ai oublié de t’envoyer une carte postale complètement inouïe cet été 🙁 » c’est qu’il est déçu. 

L’utilité du smiley dans une conversation est double : d’une part il indique l’état émotionnel de celui qui parle, de l’autre, il signifie ce qu’il veut réellement faire comprendre. Les émoticônes, contraction entre « émotion » et « icône », portent alors bien leur nom puisqu’ils sont des traducteurs d’impressions, de comportements, de ressentis. Attributs non-verbaux au verbal, ils pallient à ce qui fait défaut à la communication virtuelle : le visuel. Le destinataire n’a pas besoin de voir le visage de son interlocuteur pour interpréter la discussion puisqu’il se fie à ce qui le remplace : le symbole graphique. 

Il n’est pas un émoticône mais des émoticônes

Reprenons l’exemple ci-dessous mais imaginons cette fois que Curius est japonais. Il dira alors : « j’ai oublié de t’envoyer une carte postale complètement inouïe cet été(⌒▽⌒) » ou bien « j’ai oublié de t’envoyer une carte postale complètement inouïe cet été (T_T) ». 

Les émoticônes typographiques différent en fonction des pays car ils correspondent à des codes linguistiques propres. Au Japon, par exemple, on lit les « emoji » horizontalement et non verticalement comme aux Etats-Unis ou en Europe. Leur forme n’est donc pas la même.

Les symboles graphiques, allant du petit personnage aux animaux, ont eux aussi leurs spécificités culturelles et ethniques. En témoigne la création des smileys Oju Africa, réponse à la demande croissante des utilisateurs quant à la diversité des représentations et preuve de l’engouement pour ce nouveau type de « langage ».

Un langage à alphabet graphique

Les émoticônes transcendent la linguistique : ils sont une forme d’expression en soi qui n’a plus besoin du verbal pour exister. Ecrire un SMS en emoji, voire des histoires entières, fait entrer la communication virtuelle dans le ludique où les phrases sont des rébus et les mots, des figures. C’est l’ère de la suggestion et de la devinette que seuls les initiés peuvent décrypter et interpréter. Car comme le dit le sociologie Vincenzo Susca : « derrière chaque forme de communication ponctuée par un smiley, il existe du secret, du mystère, des subtilités que seuls les membres de la « tribu » concernée peuvent comprendre ». A bon lecteur de smileys… 😉

Pour aller plus loin : 
L’interview complète de Vincenzo Susca : « Le smiley fait exploser les codes bourgeois de l’écriture » est à retrouver ici.
Fonction of the Nonverbal in CMC, une étude à télécharger traitant des fonctions de l’émoticône et du non-verbal dans la communication. 

Visuel cover via http://narrativesinemoji.tumblr.com/
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